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LE CLASSIQUE
Critiques en vrac

Rédactions, comptes-rendus et analyses artistiques

Accueil: Bienvenue

Avant-propos

Passionnée d'art et ayant une grande curiosité vis-à-vis du monde, il me semblait essentiel de partager ce prisme teinté, de faire entendre ma voix. Le contenu est simple : je publie ici des rédactions personnelles ou universitaires, des comptes rendus de conférences, des critiques et analyses d'oeuvres, de pièces de théâtre et d'expositions. Il figurera ici également des poésies en prose, des illustrations et photographies réalisées par mes soins ou de personnes inspirantes.

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C'ÉTAIT UN DERNIER HIVER

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Abandonnée par l'hiver, elle marche sans fin, sans but, seule. Le triste sang de ses pieds sont un souvenir sur la neige. On l'oubliera. Son cÅ“ur comme un monde a gelé. 

Laissez-la partir. 

Les arbres décharnés sont comme les monstres qui la démangent et la poignardent de colère sans cesse. Elle trébuche par le vent qui l'emporte sur sa route. Elle tremble de peur et de froid, épuise son coeur. Elle attend allongée dans son cercueil de glace. Elle ne croit plus en lui, il n’était qu'un simulacre de vie. On ne la sauvera pas, pas même l'amour. Un baiser n'efface pas la mélancolie. Elle est une peau qui rejette violemment tous les masques mais c'est son visage qui privé de ses couleurs ne sera plus qu'une pierre. Soudain des mots, des voix, caressent chacune de ses oreilles. Des hommes et des femmes murmurent, elle entend son nom depuis le ciel. Il lui parle, il l'appelle mais où est-il ? L'hiver la saisit au cÅ“ur, tout en elle se cristallise, il va l'emporter avec lui. Des flocons de neige se mettent à tomber, elle laisse son berceau de glace la recouvrir, enlacée par la voix charmante qui fait coucher les arbres. Il va la dévorer. Des pas. Elle sent qu'il approche. La silhouette noire écrase ses pas dans le sol, une créature aux ailes étranges et difformes avance lentement vers elle. Un ange noir de lune que la nuit a abandonné aussi. On l'appelle mais ce n'est pas la même mélodie. Les voix se heurtent. Elle sent le soleil à son zénith comme un regard aimant. La neige se met à fondre lorsqu'une main vient soudainement se glisser sous elle pour l'arracher de son berceau mortel. Un ange tombé du jour ou un homme qu'elle reconnait, qui la caresse de son regard d'enfant, la soulève et la prend contre lui. L'hiver pousse un hurlement de rage mais le cÅ“ur qu'il avait gelé a trouvé un feu bien plus grand. Et d'un baiser l'homme redonne toutes ses couleurs à ce visage que la tristesse avait pétrifié. De ses câlins il fait disparaître les stigmates et les plaies béantes de tous ces monstres. La route de boue, de neige et de sang n'est plus qu'un mirage et le berceau a changé de forme. Des bras réels qui font oublier toutes les histoires, des bras couverts de tendresse et de baisers. 

C'est lui qui m'emporta le dernier et nous brûlerons ensemble pour l'éternité. 

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L.F

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LE COLLIER DE RÊVES

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Je tourne autour de moi-même et le monde se resserre jusqu’à m’étrangler. J’ai décidé de m’endormir pour enfin respirer et passer cette heure terrible.


Une gare dorée au plafond de verre, la nuit, son horloge m’avertit du temps qu’il me reste. Je suis seule sous ces constellations étranges et mon chant résonne. Les trains n’existent pas, je n’attends personne.Je descends les marches où coule de l’eau et sors par une porte en bois sur une colline enneigée. L’accalmie à son paroxysme, l’air y est frais et mon corps apaisé par une boisson chaude. La neige a figé le village, il n’y a personne. Des lieux vides, des immensités. La main de l’homme est morte et la nature a repris son droit. Des jeux oubliés, de vieux clowns rongés de lierres et de ronces. Mais le plaisir est en bas, ces géants d’acier aux mille couleurs que je contemple depuis un ballon. Ce sont des foires où, enfin, je ne suis plus la seule qui marche. Tout avance vite, il y a des curiosités, des odeurs, des voix et des espaces connus. Je suis transportée par d’étranges manèges et dévale en courant des parcs magnifiques. Je m’élève dans une tour et me retrouve dans un vieux salon au plafond bas. Le monde ne m’a jamais parut si petit. De porte en porte, je traverse une maison dans les arbres, le couloir panoramique d’un hôtel londonien, un appartement parisien éclairé d’une lumière tamisée arrivant des persiennes, un appartement quelconque, des maisons quelconques. Mille refuges. De la ville, enfin, avec des arches, des fontaines en anamorphose et des cases sombres. J’y retrouve souvent les mêmes lieux imaginaires : des rues piétonnes éclairées et vivant la nuit ; des bars sous les étoiles, des ponts s’évanouissant dans l’eau, une famille qui danse autour d’une table. Le monde chante, monte sur sa chaise et la frappe du pied en battant des mains. Ce peuple est mis à terre par la violence. Des coups. Des pleurs. Du sang. De la solitude. En permanence. Et moi, spectatrice dans mes pièces saccagées. Observant le monde à travers mes persiennes, derrière ma fenêtre, comme dans un miroir. Des actions rêvées toujours inaccomplies , je lutte contre les ombres qui me poursuivent, me poignardent, m’assassinent. Ces forêts sombres où je déterrais les morts, ces fossés où je les enfouissais. Tout es froid, humide, la nuit est éternelle. Ils jouent avec moi dans cette maison infernale où toute entrée est définitive. Il me faut courir dans l’immensité pour m’enfuir mais je suis sans cesse ramenée au point de départ. C’était moi, dans la cave, l’eau jusqu’aux genoux. Et c’était moi-même sur la marche, en face, fusil en main, visant mon propre reflet. La balle que je reçus dans l’épaule s’est logée dans mon coeur et pourrit comme une gangrène. Mais une douce main l’a retirée. Je ne suis plus seule dans ces lieux vides. Nous sommes deux. Tout semble se refermer, se dessiner devant mes yeux et ma main peint un monde nouveau. Assis sur l’herbe, nous contemplons le spectacle nocturne et festif d’un feu d’artifice. Nous contemplons les éclats de ce monde sans nous blesser. L’horloge sonne, je m’évapore de la gare et remue dans mes draps.

Mon passager vient d’arriver.

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L.F

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Répétition et hallucination

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La confusion hallucinatoire aiguë peut être une forme de la psychose la plus extrême, la plus frappante  et selon Freud dans  Névrose et psychose : « le monde extérieur n’est pas du tout perçu, ou bien sa perception reste totalement inefficace Â». Nous pouvons prendre l’exemple de l’artiste Japonaise Yayoi Kusama qui à l’âge de dix ans a vécu ses premières hallucinations. Elle participe aux mouvements Pop Art et Psychédélique dont faisait partie Andy Warhol et explore différents moyens artistiques comme les pois et le monochrome. En 1973, après avoir vécu une carrière à New York, elle rentre à Tokyo et choisit de passer sa vie dans un établissement psychiatrique pour continuer à peindre sereinement. Ses oeuvres ont un caractère très onirique, surréaliste et submergent le spectateur dans un océan de formes et de points. L’utilisation répétée de miroirs produit l’effet hallucinatoire reconnu dans la psychose et envahit l’espace. Cette oeuvre bichromatique, Infinity mirror room, montre son obsession pour les pois et les formes phalliques qui se retrouvent dans quasi toutes ses installations, ses peintures et ses happenings. Effectivement, lorsqu’elle était enfant, d’après des éléments biographiques avérés, elle vécut deux moments traumatisants. Sa mère l’envoyait espionner son père en plein adultère et un jour, au milieu d’un champ de fleurs, elle eut la sensation terrifiante d’être submergée. Elle cherche à recréer dans ses oeuvres ce qu’il s’est passé dans son espace intérieur à ces moments de sa vie. Freud dans « Extrait d’une lettre à Théodore Reik Â» explique que le jeu de l’enfant est à l’origine des créations imaginatives de l’artiste. Nous le rappelons, Yayoi Kusama a eu ses premières hallucinations à dix ans, ce qui nous permet de supposer que ses obsessions d’ordre esthétique prennent racine dès l’enfance. Nous en déduisons que la création chez cette artiste, est un moyen de représenter directement ou indirectement, des phénomènes traumatiques de l’enfance. L’hallucination passe ici par un phénomène de répétition.

En littérature, la répétition est produite par les anaphores, anadiploses et épanadiploses. L’anaphore est une figure d’insistance basée sur la répétition du mot en tête de vers. Gabriel Bergounioux dans Endophasie et linguistique a étudié cette figure de style par rapport au dénombrement de la parole intérieure : « Avec l'anaphore, le calcul à effectuer s'apparente à une division, un rapport où le numérateur correspond au nombre de phonèmes du morphème anaphorique et le dénominateur au seul réfèrent. Â». Cependant, son analyse se porte sur un changement de pronoms pour le sujet qui contient en substance les prédicats précédents. L’anaphore qui répète le même mot pour le sujet suit pourtant le même mécanisme. Elle rejoue l’hallucination par les mots, ces mots qui se ressemblent et qui sont davantage chargés de sens à mesure qu’ils se répètent. Ainsi, l’anaphore (comme valeur de répétition) dans le langage intérieur et dans la littérature marque une séquentiation de la pensée, un ressassement, une obsession. L’étymologie latine du verbe répéter, petere signifie  « chercher à atteindre Â». La répétition est alors animée par un but, habitée par une finalité comme si l’esprit réitérait une pensée, un mot jusqu’à saisir cet objectif souvent inconnu aux yeux du sujet.

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Vania de Gila Kochanowski

BIOGRAPHIE


Vania de Gila Kochanowski est un linguiste et ethno-sociologue spécialiste de la langue romani (tsigane), plus particulièrement de ses dialectes baltes, ukrainiens et russes. Il est né en 1920 près de Cracovie en Pologne dans une famille Rom nomade d’origine balto-slave. Il est mort en 2007. Jan Kochanowski, de son vrai nom, est également le fils d'un officier de l'Armée rouge mort en défendant Smolensk en 1942. Il prend le nom Vania de Gila qui est celui du clan de sa mère. Rescapé des camps nazis, plus de la moitié des membres de sa famille y ont été exterminés. Il s’engage dans la résistance en 1944 et choisit de s'installer en France. Vania de Gila est docteur en linguistique de l'Université de Paris en 1960. Sa thèse portait sur la phonologie de 17 dialectes tsiganes. Il en soutient une seconde en 1984 sur l'identité des Tsiganes d'Europe et les problèmes de leur intégration socio-politique. Il est également danseur et a reçu une formation  de danse classique à Paris auprès de la partenaire de Nijinski, Madame Preobrajinskaia. En parallèle de ses études, il se représentait dans des ensembles tsiganes, géorgiens, polonais et russes.

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Il poursuit une lutte de reconnaissance de la culture Rom en France et à l’international. 

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  • En 1964 en Inde, il participe au choix de l’hindi comme langue nationale de l’Union indienne (nous verrons le rapport avec la culture Rom dans une seconde partie). 

  • De 1967 à 1969, Vania de Gila lutte pour l’intégration des Romané Chavé en France. Ses projets et interventions permettent l’abolition des lois discriminatoires et la suppression des carnets anthropométriques. 

  • De 1969 à 1972, il prépare un dictionnaire de la romani commune et recherches sur la morpho-syntaxe romani.

  • 1972-1978 , c’est la création de Romano Yékhipé, une association pour la défense de l’unité tsigane en France et dans le monde. En parallèle naît le projet d’un centre International de la Culture Indo Romani (CICIR). Il a réclamé sans relâche pendant des années la création d’un CICIR qui devait comporter l’étude des problématiques relatives à la Romani commune

  • Le 1er novembre 1984, il réclame la reconnaissance de jure des Roms par l’Inde et l’inscription de la romani dans leur Constitution. Les Roms ou Romané Chavé sont issus originellement de castes indiennes telles que les Kshatriyas sindhiens (1ere exode) et les Rajputs (2eme exode). Pour lui, la Romani « C’est la langue de l’élite qui a résisté oui émigré Â» (propos rapportés par Jean-Claude MEGRET, membre d’Honneur de Romano Yekhipé France, septembre 2005)

  • Le 8 mars 1988, il devient Président de Romano Yékhipé.

* Du 18 au 21 mai 1994, Vania participe au premier congrès tsigane de l’Union Européenne à Séville en Espagne.

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UN COMBAT POUR LA SAUVEGARDE DE LA LANGUE ROMANI


La langue est pour Vania de Gila son lien affectif le plus important avec sa patrie, sa tribu et son passé. La romani commune est un patrimoine commun conservé par ses travaux et ceux de Leska Manush qui fait également des recherches lexicographiques et avec qui Vania a correspondu pendant plus de 20 ans. Ce dernier s’inspire des ouvrages de l’indianiste Jules Bloch pour traduire ses textes et étoffer la grammaire de la langue romani.

La romani commune comporte un alphabet de vingt-quatre lettres. Elle a évolué en parallèle du hindi dont nous retrouvons la présence dans les textes de Vania. En effet, certains mots sont restitués à partir du sanskrit, du hindi (comme nous anglicisons le français par exemple). Le hindi n’a de valeur que référentielle sur les plans phonologiques et lexicaux. Faisant face à des doublons dialectaux, il choisit ses mots par référence au sanskrit sans oublier les racines indo-européennes. Parfois, il introduit des doublons sanskritisés alors que le mot Romano a sa propre existence stable. La langue est également composée de vocabulaire d’emprunt russe, polonais, allemand.  Malgré les emprunts pour mieux faire comprendre les contextes ou alors faire parler les Gadjé, il conserve au mieux les tournures idiomatiques et la base lexicale de la Romani. Ce n’est pas seulement le lexique qui fait la langue mais aussi le rythme et la musicalité. Il cherche avant tout à faire une adaptation littéraire pas une traduction littérale.

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En 1994, il publie Parlons Tsigane, Histoire, culture et langue du peuple tsigane, une grammaire et un dictionnaire qui comprend plus d’entrées que tous les dictionnaires de romani publiés au monde. Comme ce sont les locuteurs qui font la langue, il n’a pas voulu l’enfermer dans un cadre rigide d’autant plus que ces locuteurs sont éparpillés aux quatre coins de la planète.  En constituant une grammaire, il prit le risque de rompre avec le dialecte de son enfance.


Par son travail, Vania de Gila a réussi à unifier les Roms qui se reconnaissent dans cette « langue d’élite Â». 

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Kiki Smith

BIOGRAPHIE


Chiara Lanier Smith (Kiki Smith) est une artiste sculptrice, dessinatrice et graveuse américaine qui a connu une évolution artistique notable dans sa carrière. Née à Nuremberg le 18 janvier 1954, elle est la fille de l’actrice et chanteuse d’opéra américaine Jane Lawrence Smith et de Tony Smith, architecte et artiste américain précurseur du minimalisme. 


En 1976, elle s’installe à New York et intègre deux ans plus tard le le collectif d’artistes Collaborative Projects, Inc. 


En 1980, Kiki commence à travailler sur le corps humain et ses organes, s’inspirant des illustrations du célèbre ouvrage d’anatomie d’Henry Gray. 

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Sa première exposition personnelle, « Life Wants to Live Â» se tient de 1983 à 1987 à The Kitchen, un espace alternatif majeur de la scène artistique new-yorkaise. 

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En 1992, elle commence à travailler avec une fonderie d’art à Santa Fe. Elle explore les liens entre l’être humain, la nature et les animaux dans de nombreuses sculptures en bronze. 


À partir de 1996, la figure humaine laisse progressivement place à la représentation des corps célestes. 

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En 2001, elle présente cette fois-ci une grande variété d’œuvres convoquant figures bibliques, mythologiques et féériques.


C’est actuellement qu’est organisée à La Monnaie de Paris la première exposition d’envergure de Kiki Smith en France du 18 octobre 2019 au 9 février 2020.

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MATÉRIAUX

Les motifs récurrents que Kiki utilise (les femmes, les animaux, les fluides, etc.) sont volontairement déclinés à différentes échelles et dans différents matériaux. Parmi ces derniers, elle choisit principalement ceux qui auparavant étaient négligés comme le verre, le plâtre, la cire et le papier. Les deux premiers sont des matériaux qui peuvent se briser et faire éclater l’oeuvre, la diffracter. Ils endurent plus facilement l’épreuve du temps tandis que les deux derniers sont des matériaux qui perdent leur forme au contact de la chaleur ou de l’humidité. Ainsi, certains seront choisis pour des pièces d’intérieurs et les autres pour l’extérieur. Elle explore d'autres médiums tels que la tapisserie, la porcelaine ou encore le bronze. Le plus fréquemment, Kiki utilise le bronze pour ses sculptures les plus célèbres. Il y chez elle un jeu antithétique des matières : le liquide, le viscéral, le mou et le tombant, répondent au solide, au cérébral, au dur et à l’érigé. 

Par son utilisation de matières négligées, elle défend en creux ce qui est petit, second, oublié. Ce caractère très hugolien se retrouve dans le sens donné à ses oeuvres.

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INTERPRÊTATION DU SENS

Les oeuvres de Kiki Smith sont avant tout le point de vue d’une femme qui recompose le monde. Elle explore par ses oeuvres le rôle politique, social et culturel des femmes et fut l’une des premières à représenter le corps féminin de l’intérieur, un corps très clinique. Pourtant, d’autres de ses oeuvres montrent un corps féminin inspiré des oeuvres modernes. Elle cherche par cette représentation à remettre la femme au centre de iconographie artistique où, le plus souvent, elle était reléguée à la place du second, oubliée voire déformée par le regard masculin. Outre ce regard porté sur la condition et le corps féminin, son art expose une réconciliation des contraires. Elle harmonise la nature et l’univers et explore la relation entre les espèces et les échelles. Une fille côtoie l'animal ou les étoiles, des pieds géants de verre qui peuvent rappeler le "colosse aux pieds d'argile" qui serait ici le système patriarcal, une femme naissant d'une biche ou d'un loup comme dans le Petit Chaperon rouge de Perrault. Toutes ses oeuvres recréent le cosmos dans une dimension presque onirique.



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Deux livres érotiques écrits par deux femmes

- Renverser le regard -

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Anaïs NIN

Vénus Ã©rotica

Anaïs Nin, autrice américaine née à Neuilly-sur-Seine le 22 février 1903, est l'une des pionnières de la littérature érotique. Elle a débuté l'écriture diaristique à l'âge de onze ans, lorsqu'elle partit en Amérique, pour y décrire les paysages et l'espoir de revoir son père. Son premier journal était comme un refuge où s'exprimait un lien affectif avec son pays de naissance par des écrits en langue française. Elle est notamment connue pour son Journal 1931-1934, "salué comme un événement littéraire"  (Pierre Lhoste, Entretiens avec Anaïs Nin 1/2, Les nuits de France Culture, 22 et 23 décembre 1969).

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Nous nous intéressons plutôt ici à ce monument américain de la littérature érotique qu'est Vénus erotica où Anaïs Nin s'interroge sur la différence entre l'attitude des hommes et celle des femmes autour de la sexualité. La littérature érotique est dominée par une conception masculine de l'expérience sexuelle, un point de vue qui surplombe et contrôle également l'image de la femme qui s'articule autour du désir. Et c'est une femme qui nous parle dans les années 1960 du désir et de la sexualité féminine. Cette oeuvre renverse en effet la perspective et s'oppose aux écrits crus d'Henri Miller, à sa vision rabelaisienne du sexe. Elle y revendique une écriture poétique qui illustre au mieux " les mystères de la sensualité féminine, si différente de celle de l'homme, et pour laquelle le langage masculin était inadéquat." ( Anaïs Nin, Post-scriptum à Vénus erotica, Los Angeles, septembre 1976 ).

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Françoise REY

La femme de papier

À VENIR

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LA VALORISATION DU BRUIT

Mon Oncle  de Jacques Tati

À VENIR

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Compte-rendu du séminaire d'anthropologie historique, EHESS 
"Art Rom et Transculturation(s) au sein du Miss Gay International"

27 avril 2020

Ce séminaire du 2 décembre d’anthropologie historique à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, co-dirigé par Tiziana Leucci et Pierre Philippe-Meden accueillait deux intervenants : Paul Forigua, diplômé de l’EHESS et de l’IIAC et actuellement Doctorant à Paris 8 avec sa présentation « Transformisme et identités nationales : transculturation(s) au sein du Miss Gay International (Bogota, Colombie) », et Tania Magy, diplômée de l’Université Michel de Montaigne à Bordeaux III, chercheuse et auteure de deux thèses, et avant tout artiste Rom qui venait présenter son projet : « Art Rom, une recherche de terrain en caravane musée ». Ces deux interventions étaient ouvertes à tous (chercheurs, doctorants, et élèves de Master) et quelques uns parmi les auditeurs venaient de différentes villes : Lyon, Bordeaux, Rennes...Le séminaire s’inscrit dans un programme pédagogique qui a débuté le 18 novembre 2019 et qui prendra fin le 15 juin 2020, ouvrant sur des sujets originaux allant des « Arts nomades » à la « dimension esthétique du yoga », de la « Scène Shakespearienne comme rituel pornographique » au théâtre yiddish. Ce compte-rendu portera exclusivement sur la présentation de Tania Magy. Il débutera par une recherche sur les traces des Roms dans l’art pour arriver ensuite à l’Art Rom. Ce concept témoigne d’un long projet d’exposition, de conservation et de sensibilisation que nous retrouvons également dans le travail de Tania. Nous terminerons ainsi sur l’explication de son travail construit autour de la jeunesse et de la culture Rom. Réduire l’écart entre la norme et la marge passe par un processus appelé : « la Reconnaissance » et Tania applique cette lutte à son échelle. La séance se termine par trois questions des auditeurs.

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L’ART ROM

Une recherche de terrain en Caravane Musée

Présentation de Tania Magy (Dr., Paris 1, CERAP, Toulouse 2, LISST)

Tania Magy est une artiste, plasticienne Rom qui a étudié à l’école des Beaux arts de Bordeaux puis à l’Université Michel de Montaigne (Bordeaux III). Elle est l’auteure de deux thèses. La première : "L' art Rom, des transports amoureux. . . : un atelier ambulant d'arts plastiques : des partages d'en- saignements, entre Tsiganes, Gadjé et autres voyageurs dans le temps", soutenue en 2002 à Paris 1 ; la seconde : « De l'errance pathologique, au normadisme culturel : l'aventure de l'Art Rom. », soutenue à Toulouse 2 en 2018. Elle vit actuellement à Pau, dans sa caravane qui est à la fois son habitat mais aussi un lieu d’exposition. C’est également une marionnettiste et une activiste engagée en faveur de la culture Rom. Si elle étudie théoriquement les problématiques autour de l’art Rom, Tania explore avant tout cette question sur le terrain. Elle est membre d’une association bordelaise « Arts Rom de voyage » qui organise des festivals partout en France et agit aussi à son échelle, s’engageant dans son travail à protéger et soutenir les familles ainsi que les élèves précaires. Elle a mis alors en place une Caravane-musée pour accueillir des jeunes et des enfants sur le temps périscolaire afin de leur proposer des activités créatives et de leur transmettre par l’art ce dont ils sont privés dans leur quotidien, étant ou non scolarisés. Tania a aussi assisté à quelques expositions d’art Rom dans des lieux prestigieux et luxueux pour nourrir sa recherche, ce qui contraste avec la modestie et l’intimité de sa Caravane-Musée.

La question au coeur de son enquête « auto-anthropologique » est la suivante : Comment sauvegarder le patrimoine culturel rom?

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Sur les traces des Roms dans l’art

Les Roms ne sont pas une communauté totalement oubliée de l’Histoire, voire exclue de l’Histoire, comme dans les mémoires de la Shoah où il a fallu attendre 2016 en France pour voir, sous l’arc de triomphe, un hommage aux nomades et tsiganes. Ils font tout d’abord leur apparition à travers des mythes ou sur des fresques orientales. Les Roms, ou Romané chavé (« fils de Ram »1), sont avant tout des familles descendantes des Kshatriyas sindhiens (moitié du VIIIe siècle - fin du IX siècle) et des Rajputs (fin du XIIe siècle - 1ère moitié du XIIIe siècle) qui sont issues du nord-ouest de l’Inde. Il y eut probablement un événement qui a poussé les familles à partir (comme une invasion des musulmans ou une catastrophe naturelle). Ils se sont dirigé vers l’Empire Byzantin et à partir de là s’opère leur dispersion à travers l’Europe. Tania raconte que dans leur mythologie, hybride due à leurs différents lieux de résidence au fil des siècles, il existait Sin Pietra qui a formé ce qu’on appelle des « Papusha ».

Ce sont deux statuettes humanoïdes constituées uniquement de terre. Cet homme représentant « les forces du Bien » a dû battre l’équivalent du diable pour donner vie aux « Papusha » (qui sont dans la tradition chrétienne Adam et Eve). C’est pour cela que dans les stéréotypes sur les Roms, les ongles noirs trouvent leur justification dans les mythes : ce peuple a gratté la terre pour former les

« Papusha ». Hormis les représentation spirituelles, il existe également des représentations matérielles comme des documents persans qui illustrent des combattants Roms, des lutteurs, des chasseurs, guerriers mercenaires ou musiciens, aux côtés des Perses. Nous pouvions observer, sur l’image d’une fresque que nous montrait Tania, leur confusion dans l’espace avec les Perses. Ils étaient assimilés.

La première trace retrouvée et conservée d’ « Art Rom » est la gravure du portrait d’Antonio Solario datant de 1480 appelée Lo Zingaro, à savoir « Le Tsigane » en italien. Il était connu pour avoir répondu à des commandes papales comme par exemple les décollations de Saint Jean-Baptiste. Sur ce portrait, il aurait utilisé son propre visage pour illustrer celui de Jean-Baptiste. C’est alors la première fois qu’un tsigane se trouve représenté en portrait, et il est d’autant plus impressionnant que c’est une auto-représentation. À travers cette gravure, il mélange par extension la communauté tsigane à la culture européenne en superposant son visage à celui d’un Saint, mais aussi, en se représentant lui- même, il intègre un tsigane dans le « champ de force » artistique, pour reprendre Bourdieu. Tania nous montre alors une autre image du même artiste, plus manifeste, la tête de Saint Jean-Baptiste posée sur le Graal. Elle nous raconte que la servante de Marie Madeleine, Sara La Kali soit « Sara la noire » à cause de sa peau Égyptienne, aurait été sur le bateau venant de Rome qui transportait le Graal et l’aurait connu. Elle est actuellement une Sainte (par vox populi) vénérée par les Roms aux Saintes-Maries-de-la-mer en Camargue. Cette analyse de ces gravures comme autoportraits seraient l’interprétation de la philologue Julia Kristeva. Tania ne nous en dit pas plus là-dessus.

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Les acteurs de l’Art Rom

La politique a joué un grand rôle dans la reconnaissance de la culture Rom. Un projet d’exposition, soit une « Première mondiale de l’art tsigane » prit forme sous l’accord du Ministre de la Culture Jack Lang, en 1985 à la Conciergerie de Paris, en collaboration avec l’artiste manouche Gérard Gartner. Parmi les quelques tableaux présents, le seul historique et ancien, Lo Zingaro, Ã©tait la seule trace de l’Art Rom moderne. Les autres étaient majoritairement des artistes du XX°siècle. Tania a rencontré Gérard Gartner, dit « Mutza », Rom par son père et manouche par sa mère, et qui était d’après elle le garde du corps d’André Malleraux. Il était également artiste et créait des « DIR », « déchets industriels recyclés » qu’il faisait fondre de sorte qu’ils aient une forme organique, puis il les peignait en bronze. Mutza a fait oeuvre totale car n’a jamais voulu vendre ses pièces. Il les a détruites, les a rendu poussière, afin qu’on ne puisse qu’en parler. Sa vision est alors différente du projet de Tania qui cherche à conserver les oeuvres, même celles d’anonymes. Elle revient sur son activité plus loin dans la présentation. Cette Première d’art mondial tsigane donc, est à l’origine de la Médiathèque Matéo Maximoff, rue de l’Ourcq, dont le nom donné est celui de cet artiste présent à l’exposition aux côtés de Sandra Jayat, artiste peintre et auteure de La Zingarina ou l’herbe sauvage, publié chez MaxMilo, et de Poliakov dont Tania n’a pas précisé aucun autre élément biographique. Cependant, certains Rom, gitans ou manouches n’accèdent pas à une reconnaissance si prestigieuse.

La culture Rom, en France, peine à se faire reconnaître. Tania donne l’exemple de Josef Zanko qui a écrit un « récit mythologique des origines » et l’avait confié au prêtre de la paroisse dans laquelle il résidait à ce moment là. C’est seulement maintenant son petit fils qui peut toucher des droits d’auteurs car l’oeuvre avait été oubliée. Certaines créations d’arts tsiganes étaient tombées dans l’oubli, passées inaperçues ou tenues sous silence à cause des périodes de persécutions massives qui ont touchées le milieu du XX° siècle. En France, Tania recense 5 à 10 compagnies qui font la promotion de l’art tsigane comme par exemple le Djungalo Teatro fondé par le Dramaturge, metteur en scène, peintre et sculpteur Sinti (Louis Jean) Marcel Hognon dont elle affiche la photographie accompagnée de ses oeuvres. Ses marionnettes et ses saynètes sont crées dans sa roulotte et il a obtenu le soutient du Conseil de l’Europe pour développer ses projets. Tania nous montre ensuite d’autres photographies comme celles de Mona Metbach avec Matéo Boer qui sont des Sintis Manouches ayant fondé une grande famille avec plus de huit enfants. Mona est considérée comme la première peintre manouche de France avec Sandra Jayat, cette dernière étant très décriée par les nomades car elle est s’est sédentarisé. C’est une artiste qui a assez bien été assimilée à la culture française. Elle a notamment fabriqué des décors de cinéma et de télévision. Son oeuvre la plus célèbre, dans un style assez figuratif, est un timbre qui parle des quatre saisons et des gens du voyage. Mona, elle, représente des paysages d’enfance à la manière Van Gogh, des locus amoenus familiers et naturels. Ses parents étaient circassiens et ont pu échapper aux camps. Ils ont toujours vécu sur la route et ils ont connu des attaques des autorités soit le « matraquages des CRS ». Delia Romanès (du Cirque Romanès) a aussi subi des attaques extrémistes. Ils ont des difficultés à se produire en province : Bordeaux les a refusé. Les Roms sont encore discriminés malgré la politique de l’ancien Président François Hollande en 2016 qui a abrogé les titres de circulation, leur donnant ainsi la nationalité française. Tania cite également la peintre Tela Tchaï, qui s’est produite aussi avec ses peintures dans des expositions mais elle conservait son autonomie en itinérance. Ses oeuvres contrastent avec celles des autres peintres Roms vues auparavant car elle représente essentiellement des paysages marins ou des scènes de marins. Il est intéressant de noter que ces nombreux artistes cités sont majoritairement des femmes. Effectivement, il existe beaucoup de noms féminins dans la culture Rom, et selon Tania, cette indépendance à la fois artistique et individuelle est quelque fois due au refus du mariage traditionnel, très pratiqué à l’époque de leur jeunesse, qui les pousse à l’exil. Cette pratique est encore en vigueur actuellement dans les familles traditionalistes Rom, mais la tendance est plus à la mixité avec les gadjé, les « non-tsiganes ». Elle nous montre enfin Gabi Jimenez, graphiste gitan, guitariste flamenco vivant avec toute sa communauté en île de France. Son style dénote des artistes précédents. Il ne peint pas les paysages et la nostalgie d’un nomadisme en terres non-anthropisées. Il peint la grande honte, grande perte qu’est le génocide. Certaines de ses oeuvres adoptent pour cela le monochrome et celles qui sont colorées intègrent des barbelés. Il peint également des motifs typiques et reconnaissables de la vie gitane : la caravane, les fil à linge, les guitaristes... Ces thèmes, le génocide et la vie gitane, se chevauchent souvent sur un même tableau pour rendre manifeste le lien entre les deux. Tania termine sa présentation des différents acteurs de la culture Rom par Marina Rosselle, artiste plasticienne et animatrice au Palais des Beaux Arts de Lille et au Musée de Flandre à Cassel qui a conçu un journal illustré donnant la parole aux enfants. Cette exploration d’un nouveau langage, de l’infans (celui qui ne parle pas), inspire les projets de Tania qui tente d’offrir un terrain d’expression pour les jeunes Roms : la Caravane-Musée.

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La Caravane musée : une recherche de terrain

Tania commence la présentation de son propre projet avec le cas de Madonna, enfant trisomique qui survivait avec sa famille sur une aire d’autoroute de Périgueux. C’est une enfant qu’elle a rencontré alors qu’elle visitait sa Caravane-musée. Son histoire l’a particulièrement frappée. Madonna risquait le placement en IEM car elle survivait dans un cadre de vie insalubre et dangereux. Pourtant, cette petite fille en question se produisait dans des ballets. L’artiste remarque un phénomène étrange sur une période de 20 ans, à savoir que les marges oscillent entre l’ultra-misère et l’ultra-reconnaissance. Dans son projet de Caravane-musée, elle reproduit un peu de ce schéma. Tania questionne l’espace du logement et en propose un aménagement poétique. Elle donne un accès à l’atelier pour les jeunes et partage des techniques abordables pour tous. En somme, les jeunes gens du voyage ont grâce à elle un accès aux loisirs créatifs. Elle conserve leurs oeuvres pour garder une trace, les expose si elle le peut et leur donne alors une reconnaissance. Cet outil pédagogique lui a servi de logement avec titre de circulation mais grâce au soutient de la Communauté de Commune de Pau et des associations, elle a constitué un petit musée pour les élève s qu’elle reçoit en temps périscolaire, avec un campement mis en scène pour les accueillir. C’est grâce aux City que ces pratiques ont pu se développer pour s’orienter vers des élèves « qu’on ne voit jamais ». Elle ramène vers l’école les enfants non scolarisés pour donner de la chance à tous. Ses oeuvres y sont exposées aux côtés de celles de ses élèves. On note à travers elles un certain jeu sur la diversité des matières : elle compose des toiles avec des marqueurs, des canettes et met en scène ses modelages. Pour renforcer ce travail de la matière, elle a participé à un projet avec des anthropologues qui consistait à rechercher le geste premier des potiers et des sculpteurs. Tania propose comme autre divertissement un spectacle de marionnettes qu’elle fabrique elle-même avec aussi leur castelets hauts en couleurs qui peuvent faire penser aux tableaux de Sandra Jayat ou de Gabi Jimenez. Des affiches sont crées pour les spectacles dont chaque représentation a lieu toutes les demi-heures ou toutes les deux heures. Elle a également fait sa propre promotion avec un DVD : « Nous les enfants gitans et manouches ». C’est à travers ces pièces ou ces activités créatives qu’elle aborde des questions problématiques chez les jeunes Roms comme la violence, par exemple. Elle revendique surtout une pratique de terrain. Il est important pour elle d’être au contact de tout ce public pour nourrir ses enquêtes, qui ont donné lieu à deux thèses. Elle a aussi répertorié des oeuvres françaises et internationales pour les transmettre à des musées ou des fondations car quand un Rom meurt, la tradition veut qu’on brûle sa roulotte, ou sa caravane, avec toutes ses possessions matérielles sinon son esprit reviendrait. C’est également pour cela que de nombreuses oeuvres faites par des Roms ont disparues.

Tania fait aussi des performances comme « Le linge sale de la grande famille » qui consistait à accrocher sur un fil à linge « posé-là » des vêtements récupérés au vide-grenier du quartier St-Michel de Bordeaux, sur lesquels étaient cousus des textes soit stigmatisants, soit écrits par des Roms, imprimés sur des carrés de tissus. Tania passait parmi les vêtements et s’habillait et se déshabillait pour porter sur son corps ces mots. Il fallait ensuite interviewer les passants et leur poser la simple question : « Où sont les Roms? Â». Cette phrase est un retour à la demande d’expulsion des familles Roms du campus par la directrice de l’Université Michel de Montaigne de Bordeaux adressée à la préfète. Cette dernière a refusé. La place des Roms et plus généralement des « Gens du voyage » en France est problématique car il est difficile, malgré certains exemples qui prouvent le contraire, de faire reconnaître leur culture. Malgré un attrait pour son caractère « exotique », ce que la population retient des Roms est le conflit d’usage lié aux différents modes de vie incompatibles. Les artistes qui contribuent à l’Art Rom restent encore minoritaire malgré une légère expansion à laquelle Tania participe.

Cette présentation se conclut finalement sur la réponse à cette question initiale : Comment sauvegarder le patrimoine culturel rom? L’important pour constituer un patrimoine est l’unité. Tania est plus pour dire qu’il y a un Art Rom, et non une multiplicité. Berlin a inauguré le 8 juin 2017 l’ERIAC (soit un Institut Rom Européen pour les Arts et la Culture) et selon elle ce serait ce type de Musée dont la France manque pour aider à la reconnaissance de la culture Rom. On possède actuellement le CNASSI qui est un centre d’étude de voyageur mais cela n’empêche pas l’insuffisance des infrastructures.

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Questions des auditeurs

Quelle est la définition et la connotation des différentes appellations ainsi que leurs usages?

« Tsigane » vient d’atinkanos car on a retrouvé des familles en Grèce qui étaient des sectes manichéennes. Ce sont ceux qui viennent de l’est et s’installent en Europe de l’est, comme Delia Romanès par exemple, avec son cirque familial. Ce mot regroupe aussi les Roms qui pratiquaient différents corps de métiers. Le mot « bohémiens » vient des familles de mercenaires qui avaient une bulle papale venant de bohème. Mais aussi cela faisait référence à St-Baume, la ville des pestiférés. Les « Gitans » sont ceux qui ont la peau sombre, ils parlent le catalan ou l’andalous car sous Isabelle la Catholique, ils devaient abandonner leur langue sinon ils recevaient de mauvais traitements.

Les « Manouches » sont au contraire ceux qui ont la peau claire et parlent l’allemand et le yiddish. Les « Yeniches » alors sont un groupe de jeunes issus des mariages de guerres entre Manouches et Yiddish.

« Roumain » ne vient pas alors de Rom ?

Non, les deux populations se détestent. La majorité de l’immigration Rom est concentrée en Roumanie car ils ont été retenus dans le pays par des mesures politiques. « Rom » vient de « Romané Chavé Â» et « Roumain » vient plutôt de la colonisation des Romains sur la côte du Delta du Danube. Ce qui explique cette langue très latine.

Existe-il des tabous autres que la guerre ou des choses qui gênent chez les gitans?

Ce qui est en dessous de la ceinture, par exemple qu’on appelle maime, c’est à dire « l’impur ». Une femme qui soulève sa jupe et montre ses pieds c’est maime. La nourriture du rite consacré au Moulo ( le fantôme du défunt) est jetée dans un cours d’eau pour ne pas qu’il revienne. Le Moulo est utilisé pour effrayer les jeunes enfants s’il font des choses impures. Il y a aussi l’importance du dedans et du dehors avec les Caravanes. À l’intérieur l’espace est blanc et propre avec des scènes mythologiques peinte. L’extérieur est destiné aux déchets, c’est maime. D’ailleurs des gadjés jettent des détritus dehors car cela « appartient aux gitans ». À Perpignan, habitants du quartier St-Jacques qui ont investit des cités pour vivre ensemble pour éviter ces types de conflits. Le plus gros des tabous est un élément de l'imaginaire qui s’est constitué autour des Gitans, une légende qui a mis à mal des générations : l’ anthropophagie dans les familles. La plus grande insulte à ne jamais dire à un gitan c’est « mange tes morts ».

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La première partie de ce séminaire est terminée. La parole est accordée à Paul Forigua pour son sujet sur les « Transculturations au sein du Miss Gay Festival » de Bogota qui ne figurera pas sur ce compte-rendu.

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